Dorigny durant la Préhistoire par Christelle
Curieusement aucune découverte archéologique n'est signalée à l'ouest de la Chamberonne, à l'emplacement des différents bâtiments et aménagements à l'UNIL. Et ce n'est pas faute de surveillance des chantiers. En revanche, les terrasses de la zone voisine de Vidy, entre Chamberonne et Flon, ont livré des traces d'occupation dont les plus vielles remontent à quelque 10 000 ans, et qui permettent ainsi d'esquisser la préhistoire des rives du Léman avant l'implantation de la bourgade gallo-romaine de Lousonna.
Deux objets ont été enregistrés au musée vers 1880 avec la mention
« Dorigny », malheureusement sans provenance précise . Il s'agit d'un
disque et d'un crochet de ceinture en bronze, portée par une femme de qualité au VIIème siècle av.J.-C. Rappelons que les
derniers glaciers se sont retirés il y a plus de 18 000 ans et que la végétation a progressivement repris
ses droits avant que les premiers colons du Néolithique (2500-2200) agriculteur,
éleveur et sédentaires, n'amorcent le processus de défrichement.
Des stations « lacustres
» sont aménagées sur le rivage, dont on ne sait quasiment rien : quelques
haches en pierre polie , tessons de vases en céramique, outils en os, bois de
cerf, etc. sont autrefois parvenus au Musée. Un village est signalé aux
Pierrettes, un autre à Vidy , aujourd'hui recouvert de remblais. On connaît en
revanche mieux le monde des morts grâce à
plus d'une centaine de sépulture en cistes (caissons de pierre) renfermant
des individus en position repliée. Et un menhir a été redressé à l'emplacement
de sa découverte.
L'âge du Bronze (2200-800 av. J.-C) est également bien présent, par le biais de tombes à inhumation vers -2000 (Écublens ,Bourdonette et Bois de Vaux notamment), puis à incinération, vers
-1000. Les parures en bronze, et provisions pour l'au-delà déposées dans des services
en céramique, sont nombreuses et de qualité. Quelques tessons témoignent d'une
occupation en retrait du lac, lors d'une dégradation climatique et d'une
remontée du niveau des eaux dans la seconde moitié du IIe millénaire.
Il existe quelques témoins fugaces du Premier âge du Fer (ou époque de Hallstatt , 800-450 av.J.-C .), comme la parure conservée au Musée provenant à coup sûr d'une sépulture recouverte
d'un tumulus, un tertre de terre comme c'était l'usage. Il faut attendre le Second âge du Fer (ou époque de la Tène , 450-50 av.J.-C.) pour disposer à nouveau de documents funéraires : une grande nécropole d'une centaines de tombes du
Vè au IIIè siècle à Saint-Sulpice, une autre de la seconde moitié du IIè
siècle immédiatement sous les premières strates de Lousonna. L'inhumation est quasi
exclusive au temps des sépultures de Saint-Sulpice, avec de l'armement et des
parures accompagnant hommes, femmes et enfants, ornés selon l'évolution du
style celtique ; dès lors en effet , on est certain d'être en présence de
Celtes.
Qui plus est, pour la nécropole de la route de Chavannes, on peut proposer, toujours sur la base de textes antiques, de l'attribuer au peuple celte des Helvètes. L'incinération côtoie l'inhumation ; des femmes et des enfants y sont enterrés avec parures et offrandes. La mémoire de ces morts n'empêchera pas l'installation, quelques générations plus tard, des premiers aménagements du centre de ce qui deviendra la bourgade (le vicus), avec sont port de Lousonna la gallo-romaine.
Source et illustrations : site de l'UNIL.